You are not what happens, but the space in which it happens
You are the knowing, not the condition that is known
- Eckhart Tolle

22 Oct 2007

Recherches sur la Conscience et le Cerveau

TRES INTERESSANT!
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« Le cerveau produit de la conscience, comme le foie produit de la bile » : Techniquement parlant, cette thèse s’appelle l’épiphénoménisme, mais l’idée est banale, elle est même la manière la plus commune de préciser la nature de la pensée. Notons à cet égard que la plupart du temps, ce point de vue est affirmé en plus de manière très dogmatique. C’est l’effet du matérialisme ambiant.
Dans le même ordre : "la
mémoire est le stockage des informations sensorielles, affectives et intellectuelles dans des petites cases qui sont les cellules du cerveau. Le cerveau est une armoire avec des tiroirs de rangement". En termes techniques, c’est la théorie des traces cérébrales. Idem : encore un point de vue qui est enseigné comme « la » vérité dès le primaire. Avec l’apparition de l’informatique, le modèle de l’ordinateur permet d’illustrer l’argument : L’esprit serait une sorte de software qui a été produit par le hardware du cerveau-machine. L’enseignement scientifique confirme cette opinion et en assure le dogmatisme.
Il y a pourtant belle lurette que ces théories ont été réfutées. Mais la contestation et le doute n’ont pas atteint l’enseignement qui continue de se modeler sur un
paradigme obsolète. Des faits nouveaux et des découvertes récentes nous obligent à remettre en cause à la fois phénoménisme et théorie des traces. Si on suit le paradigme mécaniste, l’arrêt des fonctions cérébrales devrait supprimer toute possibilité d’expérience consciente. Or l’étude des NDE montre très clairement qu’un sujet dont le cerveau est arrêté peut malgré tout avoir des expériences conscientes. Ce qui est incompréhensible d’un point de vue épiphénoméniste. D’autre part, même les biologistes, comme Lashley, qui ont cru dans la théorie des traces l’ont finalement abandonné, car l’expérimentation sur l’animal démentait catégoriquement la pertinence de ce modèle. Visiblement la mémoire a un fonctionnement holographique qui remet en cause l’idée même de mécanisme. En fait, la découverte du fonctionnement holographique de la mémoire met un coup d’arrêt définitif à la théorie des traces cérébrale issue de Descartes.
La relation entre l’activité mentale et la conduction d’un influx électrique que l’on peut suivre avec l’IRM montre que la pensée, est certes, dans une mesure importante, liée au fonctionnement du cerveau. Cependant, l'observation reste très superficielle. Elle n’apporte de satisfaction que parce qu’elle confirme une manière de raisonner simpliste. Or le problème, c’est que la réalité elle n’est pas si simple, elle se révèle bien plus
complexe. Dans ces conditions, comment comprendre la relation entre la conscience et le cerveau ? Cette leçon se propose de faire un état des lieux d’avancées significatives dans le domaine de la compréhension de la relation entre la conscience et le cerveau.
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A. La matrice holographique du cerveau
Partons directement des faits. Nous verrons ensuite progressivement ce qu’il convient d’en tirer. Melvin Morse rapporte ceci : « Le biologiste Paul Piestch de l’University of Indiana a démontré que si le cerveau d'une salamandre lui était retiré, l'animal restait vivant, mais dans un état de stupeur. Lorsque son cerveau était réimplanté, son activité redevenait normale. La manière doit il était remise n'avait aucune importance... On pouvait en inverser les hémisphères, le placer à l'envers ou ne remettre que des petits bouts, les mélanger, les découper, les retourner, etc. Le batracien se comportait normalement tant qu'une partie de son cerveau était présente, peu importait la configuration» ! (
document)
1) Comment voulez-vous concilier pareille observation avec l’hypothèse d’une correspondance causale entre l’activité d’un
organe, le cerveau-machine et son sous-produit, les facultés conscientes d’un être vivant ? Si je coupe en morceaux la mémoire vive de mon ordinateur et que je la remet en place de façon approximative dans le boîtier, la machine ne risque pas de fonctionner ! Pour l’ordinateur lui-même, la couche de software est déjà indépendante du hardware. Ce n’est pas le hardware qui a produit le système d’exploitation. Il a été pensé par des programmeurs intelligents et implanté ensuite dans la machine. Très visiblement, dans un cas comme dans l’autre, le paradigme mécaniste ne colle pas.
Suivons le récit de Michael Talbot dans L’Univers est un Hologramme. Dans les années 1920 l’hypothèse d’une localisation des souvenirs dans le cerveau faisait l’unanimité. L’idée était que chaque souvenir devait laisser quelque part une trace matérielle dans les cellules cérébrales. Le neurologue Wilder Penfield avait même trouvé un nom pour cette trace : « engramme ». (
texte) Toutefois, personne n’était capable d’en préciser exactement la nature. S’agissait-il de neurones ? D’un type particulier de molécule ? Penfield avait réussi à établir une série d’expériences sur des épileptiques. Il avait montré qu’en stimulant électriquement les lobes temporaux on pouvait faire ressortir des souvenirs et même à faire revivre dans le détail des épisodes de la vie passée du sujet. Une femme se crut dans sa cuisine, avec son fils qui jouait dans le jardin. Un enfant entendit sa mère au téléphone et Penfield réussit à obtenir toute la conversation. Il était évident qu’il ne pouvait s’agir de rêves, mais bien du déclanchement artificiel d’une sorte d’enregistrement d’une séquence de vécus conscients, le patient revivant une sorte de flash back. Penfield en conclut que nous disposions d’une mémoire immense et il pensa que le cerveau devait enregistrer la totalité de l’expérience passée.
Karl Pribram, dont nous avons
déjà parlé, n’avait au début aucune raison de mettre en doute la théorie des engrammes de Penfield. En 1946, il fut amené à travailler avec Karl Lashley, au laboratoire de biologie des primates de l’Orange Park, en Floride. Depuis trente ans Lashley cherchait désespérément les mécanismes élusifs de la mémoire. Or Pribram « constata que non seulement Lashley n’était toujours pas arrivé à produire la moindre preuve de l’existence des engrammes, mais que ses recherches semblaient bien au contraire saper une à une les découvertes de Penfield ». Le travail de Lashley consistait à entraîner des rats à exécuter un certain nombre de tâches, comme par exemple courir dans un labyrinthe. Ensuite, il prélevait au bistouri sur le cerveau des cobayes des portions de matière grise, supprimant par là le secteur où était sensé être inscrit le processus mémoriel qui leur permettait de triompher des difficultés du labyrinthe. La surprise fut que quelque soit la portion du cerveau qu’il retranchait, les souvenirs subsistaient. Le rat avait certes ses capacités motrices atteintes, il trébuchait, mais, pour une raison inconnue, la mémoire était intacte.
« Pribram n’en croyait pas ses yeux. Si chaque souvenir avait sa place dans le cerveau comme un livre sur les rayons d’une bibliothèque, pourquoi les ponctions de Lashley restaient-elles sans effet ?» Il y a deux possibilités a) soit les souvenirs sont
en dehors du cerveau, (texte) b) ou autre explication : « que ces souvenirs fussent dénués de localisation spécifique et distribués dans l’ensemble du cerveau.
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doc)
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Pribram se vit proposer un poste à Yale en 1948. Il se débattait avec l’hypothèse d’une distribution globale de la mémoire quand il tomba dans les années 60 sur un article du Scientific American sur les premiers hologrammes. Et ce fut un choc. Il venait de trouver le modèle théorique permettant de résoudre les difficultés soulevées par les expériences de Lashley.
2) On sait qu’un hologramme est obtenu par la division de rayons de lumière cohérence laser en deux faisceaux, le premier rebondit sur l’objet à reproduire, le second est acheminé par un jeu de miroir et entre en collision avec les ondes lumineuses diffractées du premier. Il en résulte un système de
franges d’interférences qui va ensuite s’enregistre sur une plaque photosensible. Ce qui est intéressant, c’est qu’à l’œil nu, contrairement à une plaque argentique ordinaire, on ne voit aucune ressemblance avec l’objet holographié. Et pourtant, si un rayon laser vient frapper le film, l’image en relief apparaît. Il existe un codage mathématique de l’image dont nous possédons la clé.
Seconde caractéristiques remarquable : si l’on casse en deux la plaque sur laquelle est enregistré l’objet, chaque moitié, éclairée sous le laser rendra, non pas la moitié de l’image, mais sa totalité. Si on recommence la fragmentation, l’objet continue d’apparaître en entier, mais de manière de plus en plus floue.
Une fois appliquée au cerveau, l’analogie est fascinante. De même que chaque secteur de la plaque holographique est capable d’enregistrer les informations requises pour reconstituer une image entière, il est possible que le cerveau opère de la même manière en abritant dans chacune de ses parties de quoi reconstituer un souvenir dans sa totalité. Lashley avait remarqué que les centres optiques offraient une incroyable résistance à l’éradication chirurgicale. Or même amputé à 90 % de son cortex visuel, un rat continue de pouvoir exécuter des tâches exigeant un très haut niveau de compétence optique. Pribram montra qu’il était possible de sectionner 98% des nerfs optiques d’un chat sans sérieusement diminuer son aptitude à des tâches visuelles complexes !
3) Bref, imaginons comment un spectateur serait encore capable d’apprécier un film projeté sur un écran dont les 9/10 ème auraient disparu ! Les anciens théoriciens de l’optique, dans la lignée de Descartes, croyaient à une correspondance point par point entre l’image vue par l’œil et la manière dont elle s’inscrit dans le cerveau. Les expériences de Pribram montrèrent qu’il n’en était rien. La résistance à la chirurgie prouvait que chaque image perçue se distribue dans le cerveau. De manière très étrange, la partie contient le tout. A vrai dire, le principe n’est pas nouveau, il est dit dans les plus anciennes traditions que l’univers est contenu dans chacune de ses parties ; cependant, c’était la première fois que cette proposition se trouvait justifiée dans la structure même du fonctionnement cérébral. Le cerveau traite l’information par le biais d’un hologramme interne. Le processus holographique est une interface entre l’activité mentale la structure matérielle du cerveau. Cela expliquait pourquoi on ne trouve pas de correspondance point par point entre la réalité extérieure et l’activité électrique du cerveau. Si le cerveau traite l’information de manière holographique, il est absurde de chercher des correspondances, tout aussi absurde que d’aller chercher sur la plaque photosensible d’un hologramme les contours réalistes de l’objet que l’on voit apparaître quand on l’éclaire sous un faisceau laser. On ne voit que des circonvolutions et des moirures tout à fait vides de sens pour une reconnaissance analytique qui chercherait un duplicata objectif.
Restait alors une question passionnante : à quels phénomènes ondulatoire le cerveau a-t-il recours pour créer un hologramme interne ? Pour le comprendre, il fallait déconstruire la vision purement mécaniste du cerveau. On sait qu’il existe des communications électriques dans le cerveau entre les neurones. Cette communication doit avoir un caractère global. Les neurones sont extrêmement ramifiés. Lorsqu’un message électrique atteint l’extrémité d’une branche, il doit rayonner un peu comme le fait l’onde d’un caillou projeté dans une mare. Le phénomène ondulatoire est là et les ondes doivent aussi produire des franges d’interférence. Comme le dit Michael Talbot, « Pribram prit conscience que ces messages devaient probablement donner naissance à un kaléidoscope holographique virtuellement infini de franges d’interférences, lesquelles étaient peut-être à l’origine des caractéristiques holographiques du ce cerveau ». Bref, l’hologramme n’a jamais cessé d’être présent dans la nature ondulatoire des échanges entre les cellules nerveuses, mais jusqu’à présent, nous n’avions pas eu l’intelligence de nous en apercevoir !
L’ironie de cette histoire, c’est que c’est l’acharnement d’un détracteur de Pribram, Paul Pietsch, qui apporta les confirmations les plus éclatantes. Il avait supposé que pour démolir la théorie de Pribram, il suffisait de prendre une salamandre, d’extraire son encéphale pour le replacer à l’envers. Avec l’hypothèse de Pribram, l’animal devrait s’obstiner dans son comportement antérieur. L’expérience devait ridiculiser l’hypothèse. L’expérience fut concluante… en faveur de Pribram ! Pietsch fit du haché menu avec ses cobayes et le résultat resta invariable… et donna raison à Pribram ! Il dû se convertir à la théorie qu’il voulait prendre en défaut. (
texte)
B. Eclairages apportés par le paradigme holographique
La qualité d’une bonne théorie, vient avant tout sa fécondité explicative. La formule vaut en physique, mais elle vaut dans toutes les sciences en général. L’intérêt d’une théorie nouvelle vient surtout de : a) ce qu’elle peut constituer un progrès par rapport aux théories précédentes, b) son aptitude à envelopper les résultats antérieurs, c) permettre de rendre compte d’un nombre étendu de faits et d’apporter une solution à des problèmes laissés irrésolus par les théories précédentes.
1) En voici quelques exemples :
a) Prenons pour commencer le problème très intrigant de l’importance colossale de la mémoire que le cerveau serait sensé stocker dans des « traces ». John von Neuman a calculé qu’au cours de la durée d’une vie humaine moyenne, les données enregistrées par nos cellules cérébrales seraient de l’ordre de 2,8 * 1020. . Deux cent quatre vingt milliards de milliards de données. Dans un espace aussi restreint que celui du cerveau, cela fait tout de même beaucoup. Si l’on admet que le cerveau joue un rôle fondamental dans la
fixation du souvenir, il doit y avoir, en dehors des traces, un procédé original pour y parvenir. Or nous savons que justement les hologrammes ont justement une prodigieuse capacité de stockage de l’information. (texte) Chacun autorise l’enregistrement sur la même plaque de plusieurs images, chacune d’entre elle pouvait être restituée en rétablissant l’angle de lecture d’enregistrement. L’utilisation d’un procédé holographique peut faire tenir 50 Bibles dans un centimètre carré d’émulsion holographique. Le paradigme holographique rend donc les prodiges de la mémoire plus compréhensibles. Pour information, rappelons-nous l’histoire de l’informatique et l’accroissement exponentiel du stockage de nos disques durs et leur miniaturisation accélérée. Le vivant fait cela depuis des millions d’années et avec une efficacité des milliers de fois supérieure !
b) Considérons le phénomène de la
mémoire affective. Nous en avons un exemple célèbre chez Proust, dans Du côté de chez Swan. Le narrateur trempe la madeleine dans le thé et soudain une bouffée de souvenirs d’enfance remontent en lui. Passé la surprise, il laisse s’épanouir le souvenir de ces moments où, rendant visite à sa tante, il avait coutume de goûter la madeleine dans le thé. (texte) Dans Le fabuleux destin d'Amélie Poulain, il y a cette scène merveilleuse (document) où Amélie restitue sa boîte de petits soldats à un ancien locataire. Larmes de bonheur de retrouver tout un pan d’un passé de petit garçon ! Le paradigme holographique permet de comprendre comment d’un détail l’esprit peut aller spontanément vers le tout, car il n’existe pas de détail séparés justement, il n’existe en fait que la totalité holographique du souvenir. Il n’est donc pas étonnant qu’un détail puisse éveiller une résonance si complète et si forte, effet qui est tout simplement inintelligible dans l’hypothèse de traces localisées dans un cerveau à tiroirs.
c) Nous avons déjà évoqué plus haut le phénomène de
rétentivité de la mémoire immédiate. Pour la plupart d’entre nous, elle reste très faible en durée et n’est pas cultivée. Chez certaines personnes pourtant, elle devient une mémoire photographique parfois stupéfiante dans ses performances. Sri Aurobindo pouvait à la demande, continuer une phrase lue à haute voix par un ami d’un livre qu’il avait lu la veille. Cf. Satprem, Shri Aurobindo et l’Aventure de la conscience. Il y a des personnes observatrices qui photographient littéralement un lieu. Nous avons vu précédemment que la plaque holographique brisée donnait une image de plus en plus floue de l’objet. Le paradigme holographique suggère que les personnes douées de mémoire photographique doivent avoir un accès conscient à des secteurs plus vastes de leurs hologrammes mémoriels que la plupart des gens. La faiblesse commune viendrait inversement d’un accès conscient limité à la mémoire holographique. L’équivalent de l’image floue de l’hologramme physique qui a été fragmenté. Un fonctionnement très cohérent du cerveau pourrait permettre une libération consciente très élevée des pouvoirs de la mémoire .
d) Les philosophes adorent parler de l’illusion de la douleur du membre fantôme chez la personne amputée. Voyez par exemple ce qu’en dit Merleau-Ponty dans La Phénoménologie de la Perception, ou encore ce qu’écrit Michel Henry à ce sujet (
texte). A partir du corps propre, nous pouvons distinguer ce qui est interne comme l’amour ou la colère, et ce qui est externe, comme la chaleur du soleil, les applaudissements après un concert, ou une odeur de pain qui flotte auprès d’une boulangerie. Néanmoins, du point de vue du sujet réel, il n’y a aucune différence, car toute expérience est ici. C’est le sujet qui constitue l’espace. Comment l’amputé pourrait-il sentir une douleur au pied, alors qu’il n’a plus sa jambe ? Or, justement, « la caractéristique essentielle d’un hologramme est de créer l’illusion de choses là où il n’y a rien. S’il donne l’impression de se déployer dans l’espace, la main qui cherche à le saisir ne rencontre que du vide». En effet, « l’hologramme est une image virtuelle donnant l’impression d’exister en un lieu où elle n’est pas ». Il n’est donc pas étonnant que nous puissions, comme le prix Nobel Georg von Bekesy l’a démontré, avoir des sensations là où nous sommes dépourvus de tout récepteur sensoriel. Il faut reconnaître que le paradigme holographique est ici remarquablement pertinent pour rendre compte de ces phénomènes. Le travail de Bekesy conforte très largement le modèle de Pribram. Il s’agit, dans le cas du membre fantôme, d’un souvenir holographique du membre absent, tel qu’il est enregistré dans les systèmes de franges d’interférence du cerveau.
e) Gall, l’inventeur de la « bosse des maths » avait au XIXème siècle donné une cartographie assez simpliste des zones du cerveau. Celle-ci a contribué à accréditer l’interprétation
mécaniste, car elle se situe dans le registre du concept de cerveau à tiroirs. On s’est très vite aperçu de la naïveté d’un tel point de vue, car il était parfaitement incompatible avec un phénomène très étonnant : la vicariance des fonctions cérébrales. En cas de lésion cérébrale, lors d’un accident, le cerveau peut très bien déplacer une fonction vers une zone adjacente, ce qui permet à l’individu de jouir de la totalité de ses facultés. Le spécialiste du cerveau Paul Chauchard écrit : « La chirurgie a pu enlever d’importantes portions du cerveau sans atteindre conscience et psychisme : suivant la zone, on aura provoqué simplement des troubles moteurs ou sensitifs. On a même pu enlever, en cas de lésion, un hémisphère entier sans gêner le psychisme : il faut d’ailleurs que ce soit le droit (chez le droitier, celui qui commande la main gauche et ne renferme pas les centres du langage). Ceci ne veut pas dire qu’il était inutile, mais que notre psychisme n’est pas rigoureusement localisé dans le cerveau et que les parties restantes suppléent les manquantes ». Il est impossible d’écrire une chose pareille si on adhère à une théorie strictement mécaniste. Le paradigme holographique se tire de la difficulté d’explication d’un pareil phénomène avec élégance. Le psychisme n’a pas de résidence précise dans le cerveau en raison même de sa structure holographique qui est globale. Si nous disposions d’un ordinateur possédant des milliards d’unités de traitement, nous n’aurions pas de difficultés à comprendre que la déficience de certaines d’entre elles n’empêche pas que le travail soit délégué à d’autres. Il suffit d’admettre une intelligence globale contrôlant l’usage du système. Or c’est très exactement ce qu’implique le paradigme holographique.
2) Mais, à notre avis, l’apport majeur du modèle holographique, c’est son aptitude à la formalisation mathématique. Les premières théories physiques sur l’holographie datent de 1947. Elles donnèrent à Dennis Gabor le prix Nobel de physique. L’originalité de Gabor a été d’approcher l’holographie par un modèle conçu par le mathématicien français du XVIIIème , Joseph Fourier. Le coup de génie consistait chez Fourier à avoir trouvé le moyen de convertir toute structure, quelle que fut sa complexité, en un langage de forme d’ondes élémentaires. Il démontrait comment il était possible, à partir de la forme d’
onde, de restaurer la structure d’origine. « En d’autres termes, ce qu’il mettait en évidence, c’était un processus mathématique similaire à celui par lequel nos modernes caméras de télévisions traduisent des images en fréquences électromagnétiques qu’un récepteur retraduit à son tour en images. Les équations qu’il développa pour convertir des images en formes d’ondes et vis versa, ont reçu le nom de ‘transformations de Fourier’ ». C’est grâce au transformations de Fourier que Gabor parvint à consigner des informations sur un objet à partir des franges d’interférences des moirures informes des émulsions photographiques. Elles permirent de transcrire ces systèmes de franges d’interférences en images tridimensionnelles de l’objet original.
Dans les années 70 donc, des chercheurs entrèrent en relation avec Karl Pribram pour lui montrer que le cortex visuel devait nécessairement jouer le rôle d’un analyseur de fréquences. Le cerveau fonctionnait comme un hologramme. Le plus fort, sur cet affaire, arriva en 1979. Russel et Karen DeValois, neurophysiologues à Berkeley, découvrirent que chaque cellule du cortex était programmée pour répondre à un type précis de saisie dans l’espace. Ce sont les « détecteurs de structure ». Nicolai Bernstein, un chercheur russe, dans la foulée s’aperçut que si on filmait les pas d’un danseur, les mouvements, convertis en formes d’ondes, se révélaient analysables dans les équations de Fourier. Les mêmes que celles dont s’était servi Gabor pour l’holographie. Bernstein eut la surprise de constater que formes d’ondes comportaient des structures cachées permettant de prédire le mouvement suivant d’un sujet un centimètre à l’avance.
Pribram compris tout de suite les implications de ces découvertes. (
texte) Les mouvements du sujet ne révélaient leurs structures cachées qu’après l’analyse harmonique pour la bonne et simple raison que le cerveau les enregistrait ainsi. Or si le cerveau analyse tout mouvement en le réduisant à des composantes fréquentielles, la rapidité avec laquelle nous sommes capables de maîtriser n’importe quelle tâche physique trouve illico son explication. Nous n’apprenons pas à faire du vélo en mémorisant de manière analytique chaque phase du processus. Ce serait pénible et laborieux. L’apprentissage se fait toujours sur un mode global en saisissant l’ensemble du mouvement dans sa fluidité.
Restait une question : si le réel est décodé par le cerveau sous la forme d’un hologramme, de quoi est-ce l’hologramme ? Où est le réel ? Dans le monde objectif capté par le cerveau ? Ou bien dans les franges d’interférences captées par la caméra-cerveau ?
C. La conscience du réel et le cerveau
Et c’est sur cette question que Pribram rencontra le physicien
David Bohm dont l’interprétation de la théorie quantique l’avait justement reconduit à une interprétation de l’unité dynamique du réel impliquant le concept de hologramme. La perspective de Pribram ouvrait sur une éventualité : le « monde objectif » des choses que nous percevons dans l’état de veille n’est qu’une interprétation d’une Réalité qui n’est pas celle que nous connaissons. Il est tout à fait possible que ce que nous appelons « réel » du point de vue de la vigilance, ne soit qu’une « vaste symphonie de résonance, d’ondes de formes, un espace de fréquence attendant d’avoir pénétré dans notre conscience pour se métamorphoser en monde tel que nous le connaissons».
1) David Bohm, par des voies bien sûr différentes de Pribram, en était arrivé à la conviction qu’il existait une similitude entre l’univers et un hologramme, ce n’était pas simplement une « analogie symbolique ». Il avait exposé son point de vue à Einstein. Il avait axé sa réflexion sur le problème, à l’époque négligé, de l’
interconnexion des phénomènes quantiques. Au Berkeley Radiation Laboratory, il entreprit un travail décisif sur les plasmas. Il constata que les électrons, dès qu’ils étaient dans un plasma, cessaient de se comporter comme des unités individuelles, pour se conduire comme les éléments d’un tout plus vaste et interconnecté. Bohm était si impressionné par ces phénomènes d’organisation qu’il avoua avoir eu parfois nettement le sentiment que la mer d’électron était « vivante » ! L’approfondissement de l’interconnexion quantique l’amena d’abord à remettre en cause la conception classique de la causalité. Nous en avons vu les principaux arguments dans une autre leçon. L’idée, c’est que la démarche habituelle consistant à rechercher derrière un événement une ou plusieurs « causes » est fausse. Une infinité de causes sont à l’œuvre pour que se produise un effet donné. Nous disions que tout l’univers est impliqué dans l’apparition d’un événement. L’exemple classique consiste demander : qu’est ce qui a provoqué la mort de Lincoln. On répond : c’est la balle de revolver tirée par John Booth. Mais il s’agit d’une simplification. Il faudrait inclure en réalité « l’ensemble des événements ayant concouru à la fabrication du revolver, l’ensemble des facteurs ayant amené Booth à vouloir tuer Lincoln » etc. De proche en proche, il faudrait impliquer toute la texture du réel. La représentation classique issue du mécanisme est trop fragmentaire et analytique. Elle tend à considérer l’état global d’un système comme le résultat de l’interaction de ses parties. Or le potentiel quantique dont parle Bohm se situe à l’inverse. Tout événement surgit au sein d’un système, de sorte que la réalité fondamentale se situe davantage dans la totalité que dans ses parties. Selon Bohm, la totalité quantique est bien plus proche de l’unité de fonctionnement des parties entre elles d’un organisme vivant que de l’unité qui résulte de l’assemblage des pièces dans une machine. Par conséquent, à un niveau extrêmement subtil de la matière, au niveau quantique, le concept même de « localisation » perd toute signification. « Chaque point de l’espace y est consubstantiel à l’ensemble des autres et parler de quoi que ce soit comme distinct de ce tout devient absurde. C’est ce que les physiciens nomment la non-localité ». Cette caractéristique du potentiel quantique permet de parler de champ unifié et c’est ce qui permet de comprendre pourquoi il peut y avoir une connexion instantanée de particules jumelles, sans violation de l’interdit relativiste du dépassement de la vitesse de la lumière. Nous avons vu que l’expérience d’Aspect (qui a été répétée avec succès) ne laisse aucun doute à ce sujet. Elle tranche en faveur de la théorie quantique contre Einstein. (texte)
L’étape suivante du raisonnement de Bohm consista à s’interroger sur le concept d’ordre et de
désordre. Ranger, comme on le fait d’ordinaire, les phénomènes physiques en « ordonnés » (le flocon de neige, le vivant), et « désordonné », (les numéros de la roulette, les grains de blés jetés par terre), est superficiel. Bohm remarqua qu’il existe une très grande diversité de degrés d’ordre dans la nature. Il y a des choses qui, au niveau macroscopique, sont très ordonnées. Il n’est pas interdit de penser qu’en réalité, l’univers est hiérarchisé à l’infini. Du coup, Bohm se demanda si l’idée même de désordre n’était pas une illusion ; ou plus exactement, ce qui nous semble désordonné pourrait très bien être supporté par un niveau d’ordre plus fondamental. L’exemple que prend Bohm est celui d’un dispositif où une goutte d’encre est introduite dans de la glycérine. On met en mouvement le mélange par une manivelle. La goutte disparaît quand on fait tourner le cylindre et se reforme quand on tourne en sens inverse. C’est une image. Dans la terminologie de Bohm, un ordre peut être explicite, manifeste, ou expliqué, ou bien implicite, non-manifeste, ou impliqué. La théorie de Bohm porte sur cette relation de l’ordre impliqué à l’ordre expliqué. (document)
Revenons à notre plaque holographique. A l’oeil nu, elle est comme la goutte à l’état diffus. Elle paraît en désordre. On ne peut rien identifier, ce ne sont que des moirures, des courbes dessinées au hasard, comme dans une peinture aléatoire. Pourtant, il y a bien un ordre impliqué et cet ordre devient explicite quand on éclaire correctement la plaque d’un faisceau laser. L’objet, le petit canon napoléonien surgit aussitôt en 3D. Nous pourrions fort bien considérer que les phénomènes qui nous apparaissent d’une manière qui nous paraît chaotique, se déplient un ordre dans lequel ils étaient impliqués. Les exemples sont nombreux. La conséquence est donc qu’il est tout à fait rationnel de penser que l’
Univers déploie son mode opératoire suivant des principes qui sont holographiques. Dans son livre, La Plénitude de l’Univers, Bohm affirme tout de go que l’univers est un gigantesque hologramme en perpétuel échange avec lui-même. La manifestation d’un phénomène est le fruit d’un enveloppement et d’un développement, d’une pliure et d’une dépliure dans lequel l’explicite est constamment en relation avec l’implicite. Mais comme le terme de hologramme désigne avant tout une image statique et que nous avons affaire avec l’univers à une totalité extrêmement dynamique, Bohm préfère parler d’holomouvement. (texte)
Dans son essence l’holomouvement se développe dans l’unité et conserve toutes les caractéristiques d’un hologramme. Pour comprendre une vision de ce type, nous devons dépasser l’idée de séparation. La pensée dans la
vigilance, est régie par la dualité. Elle est portée à séparer à opposer, à fragmenter. La pensée court donc le risque de constamment perdre de vue l’unité et l’englobant. La diversité existe bel et bien, Bohm ne le nie pas, et il ne faudrait pas tout confondre, mais la diversité n’existe que dans l’unité. Il y a une erreur de l’intellect dans la fragmentation du réel. Cette erreur se perpétue dans une non-reconnaissance du Réel et cette non-reconnaissance enferme la pensée dans l’illusion. Selon Bohm, c’est cette illusion qui est à la racine de la plupart de nos problèmes.
Si l’Univers est une totalité dynamique indivise dont le processus de
Manifestation repose sur des principes holographique, nous ne pouvons plus nous étonner que le cerveau possède un fonctionnement holographique. Cette symétrie va de soi, elle est dans la nature des choses. Dans une exposition scientifique, comme au Futuroscope de Poitiers, nous pouvons voir des hologrammes qui sont pour nous des objets extérieurs. Le défi qu’il convient maintenant de relever, c’est de comprendre que « cette fois nous ne sommes plus devant un hologramme, nous en faisons partie ». En d’autres termes : « nous considérer comme un esprit-cerveau holographique en train de porter un regard extérieur sur un univers également holographique relève de l’abstraction. C’est encore une fois la tentative de séparer deux choses qui en dernier ressort ne peuvent l’être ».
La pensée
duelle nous empêche de voir la nature réelle de l’univers en mettant des séparations là où il n’y en a pas. Mais cela ne veut pas dire que la conscience soit étrangère et coupée du réel. L’ontologie supposée par le modèle holographique nous amène à penser que la conscience est une forme subtile de la matière, sans qu’il soit possible de tracer une frontière précise entre les deux. Tout au plus un niveau énergétique différent ; la relation entre le réel perçu et la potentialité de la Manifestation se situant dans les profondeurs de l’ordre implié. On voit mal comment dans ces conditions on pourrait opposer vivant et non-vivant. « Les deux règnes s’interpénètrent ; leurs frontières sont imprécises. La Vie est partout dans les replis de l’Univers, attendant de s’épanouir. Même une pierre est pour ainsi dire vivante, selon Bohm, vie et intelligence se rencontrent pas seulement au détour de la matière mais aussi dans l’énergie, l’espace, le temps, la texture de l’univers, et autres catégories qu’il nous plaît d’abstraire de l’holomouvement pour y voir à tort des réalités distinctes ». Dans les traditions anciennes, comme dans les textes anciens de l’Ayur-Veda, il est souvent dit que le microcosme est fait à l’image du macrocosme. (texte) Et bien nous y voilà : de même que chaque fragment de l’hologramme contient l’image de la totalité, l’univers est tout entier dans chacun de ses plis.
2) Problème : comment se fait-il que nous n’ayons pas une intelligence de cette unité ? Est-elle exceptionnelle ? La conscience d’unité relève-t-elle de la pensée ? Ce que nous ne pouvons nier, c’est que la pensée est entraînée et même conditionnée pour se représenter l’univers dans la dualité. Elle est même invariablement portée à prendre sa représentation pour l’univers lui-même. Ce conditionnement est-il d’ordre biologique ? D’ordre culturel ?
2) Nous savons que la pensée, dans ce qu’elle a de plus mécanique, est liée au cerveau. Des expériences récentes ont montré qu’il était même possible à un sujet de commander par la pensée le déplacement du curseur sur l’écran d’un ordinateur. Les signaux électriques sont transmis par câble à l’ordinateur, par le biais d’un bonnet contenant des senseurs qui permettent de suivre l’encéphalogramme et de transformer le signal en commande. Les succès de la neurologie contemporaine dans cette direction ont permis à Jean Pierre Changeux dans L’Homme Neuronal de tabler sur le réductionnisme et d’afficher une théorie
épiphénoméniste de la conscience. Il est incontestable que si l’on s‘en tient uniquement à des expériences d’observation de tracé IRM dans le cerveau, la généralisation rapide doit y conduire.
Nous avons aussi vu précédemment que la pensée s’auto-transforme dans le corps dans des
processus biochimiques. La pensée de la peur stimule la production des molécules correspondantes qui deviennent l’émotion de la peur, avec ses sueurs, ses palpitations, sa montée d’adrénaline. L’amour, de la même manière, met en mouvement l’incroyable usine chimique du corps. Toute intention née dans le mental s’auto-transforme dans le corps, parfois de manière spectaculaire, comme dans l’effet placebo. Cependant, la plupart des processus organiques étant inconscient, la pensée ne peut pas en revendiquer la maîtrise. Il y a bel et bien une intelligence du corps dont le caractère global est indéniable. L’intelligence du corps, nous l’avons vu avec Deepak Chopra, suppose un niveau plus subtil que celui du corps physique, celui du corps quantique. L’existence d’une l’intelligence du corps nous montre très clairement que nous ne pouvons pas réduire l’intelligence à la seule pensée intentionnelle. Cette intelligence du corps n’est même pas confinée dans le cerveau. Elle aurait plutôt le caractère d’enveloppement d’un champ. Nous avons retrouvé cette idée dans les travaux de Rupert Sheldrake. Selon lui, la mémoire, en tant qu’information structurelle, est inhérente à la Nature. La théorie de la causalité formative montre que l’information dans l’univers est structurée sous la forme de champ. Elle ne peut pas se réduire à une caractéristique matérielle, au sens habituel du terme. Le concept de champ a ceci de particulier qu’il ne constitue par une « chose » et n’est pas observable directement. Les champs morphiques sont encore mal connus, mais l’expérience confirme amplement leur valeur comme hypothèse. (document) Aux dires de Sheldrake, un champ conserve encore une valeur matérielle, mais sa texture est faite d’une matière bien plus subtile que celle des objets observables. Y compris les molécules telles que l’ADN, l‘ARN où les protéines de structure.
En quoi le paradigme holographique du cerveau peut-il nous éclairer sur cette relation entre cette forme de pensée et le cerveau ? Incontestablement, il apporte une pièce de plus à un puzzle qui commence à prendre forme, en nous donnant une image complexe et inédite des rapports entre la conscience et la matière. La thèse se formule ainsi : « le cerveau est un hologramme enveloppé dans un univers holographique ». Le cerveau construit mathématiquement une
réalité objective par l’interprétation de fréquences qui relèvent en dernière analyse d’une autre dimension dans laquelle nos concepts d’espace-temps-causalité perdent leur validité. Si on doit chercher « comment » il peut le faire, nul doute que l’on trouvera des processus biochimiques qui seront autant de mécanismes mobilisés à cette fin. Quand nous considérons les productions techniques d’une usine, nous ne pouvons pas les expliquer en ne prenant en compte que les machines qui ont servi à les produire. Il faut remonter en amont au bureau d’étude qui a planifié l’ensemble. Le paradigme holographique permet de comprendre la carte 3D dominant les mécanismes biochimiques du cerveau, la structure globale qui rend raison de leurs fonctions. Il n’y a donc pas contradiction sur ce point.
Le paradigme holographique permet aussi d’appréhender de manière plus profonde la correspondance entre l’activité du cerveau et le monde perçu. La
théorie de la forme, avait donné une description psychologique de la saisie globale du réel par les sens. De même, chez Husserl, il y a une reconnaissance de la toile de fond globale de toute perception. L’effort de M. Merleau-Ponty dans La Phénoménologie de la Perception est justement de mettre en rapport la théorie de la forme et la phénoménologie. Il reste que ces descriptions ne trouvaient pas de correspondance en neurologie. Le lien est fait. Le paradigme holographique explique la continuité entre cette appréhension sur fond de totalité et l’enveloppement global du fonctionnement cérébral.
Il donne même la clé de ce que nous avions envisagé dans une autre leçon, comme faisant partie du non-verbal, l’intelligence perceptive. Il permet de comprendre le divorce entre la pensée
représentative et l’intelligence. L’intellect pensant est fortement analytique et tourné vers l’objet. La pensée opère dans la dualité, va du connu au connu, du fragment au fragment ; en outre, lesté du poids du passé, le mental peut aussi avoir un caractère compulsif. L’hyper-développement du mental a donc eu pour effet de couper la pensée de son fondement intuitif dans l’intelligence. Le mental est carrément déconnecté de ce qui est et nous avons semble-t-il perdu toute aptitude à la vision de l’unité. Le domaine entier de la représentation que construit la pensée est coupé du réel. Il existe cependant une intelligence en prise sur le réel, mais qui n’appartient pas au mental ordinaire. Krishnamurti, tout en insistant fortement sur la relation entre la pensée et le cerveau, dit aussi qu’il existe une Intelligence qui ne dépend pas du cerveau. Il la décrit dans ce qu’il appelle la vision en profondeur, l’insight. (texte) Shri Aurobindo donne dans cette direction des descriptions très précises. Il soutient que l’enjeu de l’évolution humaine est précisément de dépasser le mental vers ce qu’il nomme le surmental. (texte)
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Concluons. Il ne faut pas perdre de vue que nous n’avons envisagé dans cette leçon que le modèle holographique. Il existe un grand nombre de théories sur le cerveau. Le paradigme holographique ouvre à lui seul des perspectives très riches. Il ne se contente pas d’être une
thèse, c’est bien une théorie que l’on peut valider dans l’expérimentation et qui est aussi lié à un formalisme mathématique. Le modèle holographique permet de faire un pont entre l’interprétation de la théorie quantique de David Bohm et la structure du cerveau. Il apporte un éclairage étonnant sur les limites de la pensée. Il permet de comprendre le principe paradoxal selon lequel une information peut à la fois « être partout et nulle part ». Il donne même une illustration très parlante du principe selon lequel le tout est présent dans la partie, comme la partie est présente dans le tout.
Bohm et Pribram étaient très conscient de ce que toute
théorie est limitée – y compris la leur. Il ne faut pas demander en matière d’approche scientifique une explication totale. Ce serait une contradiction dans les termes. Nous avons besoin de plusieurs points de vue. Il y a des faits qui ne se prennent pas aisément dans le filet du modèle holographique. Par exemple, l’idée d’une mémoire globale répartie dans le cerveau s’accorde assez peu avec le problème délicat posé par les NDE qui supposent une forme de conscience indépendante du cerveau. Nous avons des milliers de témoignages de sujets ayant traversé un coma, -donc avec encéphalogramme plat - et ayant eu une perception extrêmement détaillée. Ce ne sont pas des hallucinations et on ne voit pas très bien comment on pourrait parler ici de représentation holographique. Nous n’en avons donc pas fini avec la question de la conscience.
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Extrait de Philosophie et spiritualité, 2007, Serge Carfantan.

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